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26 novembre 2014

5 AOÛT 1944 DANS LE CIEL DE CHAMPCEVINEL

- Si on se réfère au monument aux morts de la commune et plus particulièrement à la plaque apposée en l’honneur des deux aviateurs anglais tombés à Borie-Bru, on ne connaît pas vraiment l’histoire de cette journée du 5 août 1944, survenue deux mois environ après le débarquement des alliés en Normandie. Voici quelques éléments d’un témoin oculaire, celui de Jacques Besse, un des fils du Maréchal. Car l’histoire ne nous a jamais dit qu’il y avait eu deux avions, deux morts et deux hommes d’équipages parachutés…
Nos photos :
- Jacques Besse témoin oculaire du crashe
- Avion du type Mosquito
- Zone du crashe près de Borie-Bru
- Plaque commémorative au monument aux morts de la commune

- Témoignage de Jacques Besse âgé de 15 ans à l’époque

Jacques Besse

- Jeune adolescent, âgé de 15 ans, classé dans la catégorie J3 sur le plan du rationnement alimentaire, j’ai vu de mes propres yeux un avion de combat type "Mosquito" qui s’est écrasé sur la commune de Champcevinel à la bordure d’un bois de châtaigniers, près du château de Borie-Bru, le 5 août 1944.
- C’était une belle après-midi ensoleillée vers les 16 heures, je me trouvais dans la maison d’habitation de mes parents dans le bourg. Je jouais avec mon frère Yves, que j’avais enfermé dans le grenier avec une porte munie d’un crochet. Tout d’un coup les sirènes de la ville de Périgueux se sont mises à résonner annonçant l’arrivée des avions alliés qui venaient bombarder les voies ferrées et les ateliers de réparations de la SNCF. Alors que les bombes se mettaient à exploser, j’étais prêt à courir vers le jardin pour voir ce qui se passait. C’est alors que mon frère pris de peur dans le grenier, se mettait à hurler pour lui ouvrir. Je rebroussais chemin afin de le libérer.

Mosquito

- Puis nous courrions vers le fond du jardin potager jouxtant notre maison. J’ai vu effectivement un avion de combat anglais, amorçant un large virage. Celui-ci trainait à l’arrière un important panache de fumée noire et blanche. Il était suivi par un autre appareil du même type. L’avion en difficulté larguait deux bombes à ailettes qui n’ont pas explosées, près de la ferme de Monsieur Chatenet au lieu-dit la Séparie. Après la libération, celles-ci ont été déterrées de plus d’un mètre de profondeur par quatre prisonniers de guerre allemands et deux sous-officiers artificiers français qui les ont désamorcées. Puis deux aviateurs sont tombés en parachute sur le bois du Château de la Roussie, propriété de Monsieur Tuffier ancien chirurgien.
- J’ai su par la suite que ces parachutistes rescapés de leur appareil ont été récupérés par le réseau de la résistance Samson. L’avion britannique en détresse continu lui son vol et s’écrase en explosant derrière le château de Borie-Brut à la bordure d’un coin de bois. L’appareil qui le suivait a tourné plusieurs fois au-dessus de lui, pour lui rendre un dernier salut. Les explosions des bombes et des balles de mitrailleuses que contenait l’avion ont duré plus d’une heure.

crashes à Borie-Brut

- Ces deux avions de la Royal Air Force avaient mitraillés un train entre Saint-Astier et Razac sur l’Isle, avant de gagner Périgueux. Là, ils s’attaquent aux ateliers de la SNCF du Toulon, mais l’un piloté par Alan Ernest Wraight (lieutenant et pilote de carrière) avec à son bord John Leslie Wilson (sergent-chef de réserve et navigateur) qui volait très bas, touche les fils de haute tension. La queue du fuselage de l’appareil heurte ceux-ci, ce qui occasionne un court circuit et un déséquilibrage de l’avion qui s’écrase au Nord de Périgueux, comme déjà mentionné.
- Dans l’après-midi du lendemain, je me rends avec mon frère Michel sur les lieux de l’accident pour voir les restes de l’avion, là où il était tombé. En traversant un champ, avant d’aborder la route d’Agonac, je vois arriver vers nous un homme d’une quarantaine d’années, portant une chemise et un pantalon golf. En arrivant à ma hauteur, celui-ci m’interroge si j’avais vu des parachutistes tombés de cet avion. Je lui réponds que non, et qu’on avait retrouvé deux morts.

plaque à la mémoire

- Comme nous étions dans une période trouble et anxieuse, je me suis méfié de cet homme. Celui-ci me dit que cet appareil avait un équipage de quatre aviateurs. Il questionne même mon frère qui a répondu par la négative également. Il est parti et a rejoint son véhicule sur le bord de la route d’Agonac.
- Avec le recul du temps, je pense encore que mon interlocuteur devait être un agent au service de l’ennemi à la recherche de ces deux parachutistes anglais. Je ne voulais pas dire absolument où ils étaient tombés, afin qu’ils ne soient pas faits prisonniers. Après cette entrevue, nous nous somme dirigés à l’endroit où l’avion s’était écrasé. Nous avons eu une terrible vision qui s’offrait à nous. La carlingue et les moteurs de l’appareil étaient pulvérisés. Les débris jonchaient tout autour de ce coin de bois qui avait pris feu par les explosions. Il restait la queue du fuselage en très mauvais état.
- La veille, soit le jour de la chute, les troupes d’occupation allemandes avaient récupérées les corps des deux morts vers la ville de Périgueux où ils étaient en garnison. A notre retour au foyer, nous racontons à nos parents les péripéties de notre après-midi, surtout la discussion avec cet homme inconnu et suspect qui nous avait interrogés. Avec mon père, nous sommes allés voir Monsieur Tanneux, maire de la commune de Champcevinel pendant plus de 30 ans. C’était un homme très cultivé, avenant, rentier de son état, qui faisait parti de la Résistance.
- Monsieur le maire m’a écouté et m’a dit que j’avais bien agit dans la prudence et m’a réconforté en me disant de ne pas m’inquiéter, ouf… ! Ces deux aviateurs ont été enterrés au carré militaire du cimetière du Nord à Périgueux.
- Une plaque commémorative est apposée au monument aux morts au bourg de la commune de Champcevinel avec l’inscription suivante :

"A la mémoire de l’équipage du Mosquito de la Royal Air Force tombé à Borie Bru le 5 août 1944.
WRAIGHT - A.E. FLYNG Officier pilote
WILSON - J.C. FLIGHT Sergent navigateur
- Le 29 septembre 1991 a été inauguré la rue Wilson et Wraight au bourg de Champcevinel. A la suite de ces évènements, j’ai toujours eu une pensée émue pour ces jeunes aviateurs qui sont venus mourir en combattant sur notre sol de France pour nous libérer du joug de l’envahisseur nazie que nous subissions pendant quatre années.

- Autres renseignements connus sur cet épisode de la guerre
- Selon d’autres sources d’information, l’avion aurait été touché par la défense anti-aérienne allemande à Périgueux. Wraight le pilote, officier de réserve était âgé de 23 ans et habitait Souhampton. Wilson, sous-officier de réserve, originaire de Manchester avait 28 ans. Ils avaient décollé de la base de Predannack, une base du sud-ouest de l’Angleterre, mise en service en 1941 pour se défendre contre les raids de la Luftwaffe. Ils appartenaient au 151° escadron de la Royal Air Force. Ils avaient pour mission la recherche de cibles ennemies.
- Ces deux aviateurs ont été d’abord inhumés au cimetière de Champcevinel puis au carré militaire du cimetière du Nord de Périgueux. Ils reposent au carré 9 tombe 1 et 2.
- S’agissant de la personne qui a interrogé les deux gamins sur les bords de la route d’Agonac, il s’agit certainement d’une personne de la Gestapo. Quatorze jours après, Périgueux était libéré...

cimetière du nord

Notre photo : Sépulture des deux aviateurs au cimetière du Nord à Périgueux
- Lire aussi crash d’un avion sur Borie Bru sur ce lien

CHAMPCEVINEL - 5 août 1944 dans le ciel de Champcevinel - © BERNARD PECCABIN

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20 novembre 2014

PASSAGE DU GR 36 SUR LA COMMUNE DE CHAMPCEVINEL

GR 36 (signatlétique)

- Le chemin de grande randonnée 36 (GR 36 Manche-Méditerranée) rentre dans la commune par la voie romaine qu’il traverse, pour rejoindre le château de Vignéras, où il dessine un méandre. Mais une de ses variantes, pénètre plus au Nord près de Missounet, venant de l’abbaye de Merlande, pour rejoindre Vignéras ou ce sentier ne fait plus qu’un. Son itinéraire descend sur la RD 3 "aux Granges", emprunte la rive gauche du ruisselet le Foncrose. Le GR 36 serpente à travers la côte Durand, passe devant le club hippique de Borie-Petit, traverse le village. Il utilise la route pour gagner la voie la plus au Nord de La Grange, puis Fosse Rouge et passe aux Cailloux, pour traverser la RD 8 et quitter la commune pour se retrouver à Trélissac.

le GR 36

Notre photo : la carte du GR 36 sur la commune de Champcevinel. Les pointillés jaunes matérialisent les limites Ouest et Est de la commune. En rouge le tracé du GR avec point d’entrée et de sortie.
NDLR : le GR est matérialisé sur le terrain par deux bandes horizontales de couleur blanche et rouge (photo en haut à gauche)

CHAMPCEVINEL - LE GR 36 - © BERNARD PECCABIN

18 novembre 2014

FORGERON-MARECHAL FERRANT : UN VIEUX METIER A CHAMPCEVINEL

- Autrefois, pas de village sans forge, sans maréchal-ferrant et sans le bruit familier du marteau frappant en cadence sur l’enclume… Personnage central et reconnu de la vie villageoise traditionnelle, il est un peu vétérinaire… et arracheur de dents à ses temps perdus !
NDLR : cette publication est une suite à la vie dans la commune à la Libération

Le maréchal-ferrant et son atelier, autrefois
- Le perfectionnement de l’agriculture, le développement de la culture attelée et l’essor du cheval dans les transports font la fortune du maréchal-ferrant. C’est lui qui ferre les chevaux, les mules et les vaches, fabrique et répare les versoirs et les pièces en fer des charrues, des attelages, tout l’outillage à main nécessaire aux travaux des champs et les outils des artisans du village. Il forge aussi les objets de la vie domestique, en particulier ceux qui servent à la cuisine dans l’âtre : crémaillères, landiers, trépieds et grils…
- Une enseigne, le bouquet de la Saint-Eloi, ou une enclume signale la présence de la forge. Dans l’atelier aux murs noircis de fumée, le foyer et son grand soufflet, l’enclume, la cuve pleine d’eau pour refroidir le fer incandescent occupent la plus grande partie de l’espace.
- Au-dessus de l’établi appuyé contre un mur sont accrochés des outils et des fers de formes diverses. Le trémail, bâti en bois et en fer où l’on sangle les bœufs à ferrer, est souvent installé à côté de son atelier.
- Le maréchal-ferrant n’est pas un homme riche. C’est le troc qui prévaut : le meunier le paie en farine, le fermier en volailles, légumes ou bois de chauffage, d’autres encore troquent leur travail contre celui du maréchal… S’il y a un paiement en numéraire, il se fait deux fois par an, à la Saint-Eloi ou à Noël…
- Le maréchal porte en général un tablier de cuir à poche, retenu sur les cuisses par des courroies et des boucles de métal en forme de cheval. On reconnaît le maréchal compagnon du Tour de France à ses boucles d’oreilles : elles comportent des breloques en forme de fer à cheval.

Besse forgeron de la commune

(NDLR) Michel Besse, fils du maréchal de Champcevinel a été le dernier forgeron-maréchal ferrant de la commune lors du siècle dernier. A 14 ans, il a débuté auprès de son père et a fermé sa forge qu’il tenait à Sept Fonts (route de Paris) en septembre 1992. Après la disparition des chevaux de trait, il a continué en réparant charrues, pointerolles, grilles, chaînes, pièces de faucheuses et de tondeuses de l’ère moderne. C’était aussi l’époque où l’on ferrait les chevaux issus des clubs hippiques (l’Etrier à Borie-Petit, Péricheval à Foncrose, etc…). Il constitue une des dernières figures de la profession au sein de la commune, qui du stade rural est passée à celui du résidentiel.
Notre photo ci-dessus : Michel Besse dans sa forge à Sept Fonts en 1992 (photo archives sud-ouest)
Un artisan important
- Cet artisan travaille tôt le matin et tard le soir. Sûr de lui et expert écouté, le maréchal est aussi vétérinaire, dentiste et guérisseur. Distinct du maréchal, le forgeron est l’incarnation de la force physique, détenteur des techniques du feu. Il reste un personnage puissant. En témoigne la légende de la Saint-Eloi, patron des forgerons, qui aurait écrit sur son enseigne "Eloi maître des maîtres".
L’âme des villages d’autrefois
- La multiplicité de ses activités, ses talents pour réparer les instruments ou soigner tous les animaux de traits font du forgeron le personnage clé de la vie des villages d’autrefois. Lorsque la mécanisation intervient, il répare les premiers tracteurs tout en continuant à ferrer les chevaux, puis il disparaît avec eux. Aujourd’hui, il subsiste des maréchaux-ferrants ambulants, pour les clubs hippiques. On ne leur amène plus les chevaux, ce sont eux qui viennent les ferrer
La fabrication des fers
- La fabrication des fers est faite en série, en général en hiver. Le maréchal-ferrant part d’une barre de métal coupée à la bonne dimension et le fait chauffer à blanc pour la cintrer. Il l’a maintient d’une main sur l’enclume avec les tenailles et la frappe de l’autre main à la masse. S’il a un apprenti, il frappe en alternance avec lui. On frappe les deux faces, puis on perce les trous pour les clous (huit pour un fer à cheval, six pour un fer à âne), toujours à chaud. La qualité du travail s’entend au son : si le son que rend le fer lorsqu’on le frappe sur du métal est clair mais bref, l’acier est trop dur ; s’il est clair mais long, le fer est parfait ; s’il est fêlé, il y a un défaut dans le métal.
Les poses de fer à cheval
- Pour le ferrage d’un cheval ou d’un âne, le propriétaire ou l’apprenti du maréchal tient ployée la jambe de l’animal, avec le sabot face au ciel. Si le cheval est difficile, on le maintient avec un tord-nez, c'est-à-dire une boucle de ficelle qui enserre les naseaux du cheval au bout d’un bâton : il ne peut plus bouger sans être gêné. Ensuite le maréchal déferre la bête avec le dérivoir pour arracher les clous et avec la tricoise pour enlever l’ancien fer. Il pare le pied avec le rogne-pied, c'est-à-dire qu’il taille la corne qui a poussé. Il pose le fer rougi, en le poussant avec la tricoise de la pince vers le talon. Il cloue le fer avec la mailloche. Des trous sont laissés libres dans le fer, pour y ajouter des crampons l’hiver en cas de verglas : cette astuce permet au cheval d’avancer plus facilement sur les routes enneigées. Puis il rabat la tête des clous et râpe les aspérités. Il faut savoir que les chevaux sont ferrés deux à trois fois par an, ce qui est un minimum, la corne poussant d’un centimètre par mois.
- Quand ils sont utilisés comme animaux de trait, les vaches et les bœufs subissent le même sort. Leurs fers ne sont pas en U, mais sont des semelles métalliques rondes et plates, fixées par cinq clous.

maréchalerie

Ci-dessus : une maréchalerie telle que l’on pouvait la voir autrefois. Il ne manque que le trémail. (photo Pierre Gomez)
NDLR : On raconte que les fers à cheval trouvés au hasard des chemins sont porte-bonheur. Placés à l’entrée des maisons, dans le lit conjugal ou sous les nids de poules, ils sont censés guérir la stérilité, protéger de la foudre et même des rages de dents !

CHAMPCEVINEL - LE MARECHAL FERRANT - © BERNARD PECCABIN

13 novembre 2014

LA VIE DANS LA COMMUNE A LA LIBERATION

Travaux des champs
Au début du XX° siècle, l’agriculture ne s’est pas encore spécialisée. Chaque ferme fait de tout : des céréales, de la vigne, des vaches, des brebis, des volailles, parfois des chèvres… Attelés à la charrette, les chevaux servent de moyen de locomotion, et attelés à la charrue, d’outil de labour. Mères et filles s’occupent de la basse cour, de la traite du lait et des menus travaux occupant les soirées : tri des haricots, des châtaignes, ou petits pois à écosser… Pères et fils se chargent des travaux lourds, dans les champs aidés selon la saison et la taille de l’exploitation par des voisins.

andaineuse ou rateleuse

Journée de l’agriculteur
La journée se fait au rythme du soleil. On se lève tôt en été, tard en hiver et on se couche peu après la nuit tombée. Pas question de brûler de la lumière tous les jours, ça coûte. En été par exemple, on prend une boisson chaude au lever, vers 5h30, avant de s’occuper des animaux de la ferme et de leur donner à boire et à manger. Un travail auquel on n’échappe pas , à accomplir tous les jours de la semaine, toute l’année et par tous les temps. Ceux qu’il faut traire (vaches, chèvres, brebis) le sont vers 6h00. Vers 9h30, nouveau petit-déjeuner (casse croûte) plus consistant celui-ci : du pain, du fromage, des rillettes, du jambon, des pommes… le tout arrosé d’un petit coup de rouge. Puis départ pour les travaux des champs  avec une musette et un tonnelet individuel pour la boisson. Retour à midi, pour le déjeuner, suivi parfois d’une petite sieste. Puis les hommes repartent vers les champs. En fin d’après-midi, ils doivent s’occuper des bêtes, les traire, leur donner à boire et à manger, les rentrer pour la nuit pour celles que l’on avait mis au vert… des tâches qu’ils partagent avec les femmes de la maison. Le dîner clôture la journée. Il est suivi d’une veillée plus ou moins longue en fonction de la saison et rassemblant parfois les voisins. Les villageois sont comme une grande famille où tout le monde se connaît et s’entraide, même s’il y a des tiraillements de-ci de-là.

charrette de foin

Quand le temps est mauvais et qu’il n’est pas possible d’aller dans les champs, le cultivateur reste chez lui et bricole ou répare ses outils. Y compris les premières machines agricoles, parce que c’est encore simple. L’art de la mécanique, c’est à cette époque le fil de fer et le marteau. La plupart des outils se transmettent de père en fils.
Trois générations sous le même toit de la ferme
Dans les fermes, les exploitants et les métayers vivaient sous le même toit avec leurs beaux-parents, mais aussi avec le pépé et la mémé. On produisait tout. Il n’y avait jamais de repos, jamais de dimanche, sauf pour aller à la messe ou pour recevoir la famille. Vers 1950, la situation a quelque peu évolué avec l’élevage des volailles que l’on pouvait vendre au marché.
Le métayer
C’est celui qui partage à demi les récoltes avec le propriétaire de l’exploitation. Paysan pauvre et sans terres, il n’a que ses bras et son courage à offrir. Son statut précaire ne l’incite guère à faire évoluer le domaine. Dans la commune, nombreux étaient les métayers, en particulier autour de Borie-Petit.

Un métayer n’aurait pas volé une épingle à une voisine, ni gardé le moindre objet emprunté sans le rendre. Néanmoins, tous leurs principes étaient oubliés lorsqu’il fallait donner au propriétaire la moitié des récoltes. S’il y avait soixante sacs de noix, le métayer en déclarait quarante, les sacs détournés allaient sans doute leur permettre de passer un moins mauvais hiver.
Les batteuses
Lorsqu’elles arrivent au 20° siècle, ces énormes machines impressionnantes passent alors de ferme en ferme pour battre les gerbes qu’on y a rassemblées. Pour une petite ferme, la batteuse travaille une journée ou une demi-journée seulement, mais il faut là encore beaucoup de monde pour aider. Il faut une vingtaine d’hommes : deux installés en haut de la machine qui y enfournent les gerbes que d’autres leur tendent, d’autres pour ligoter la paille, les plus costauds enfin pour lier les sacs de blé (50 kg minimum) et les monter au grenier. Tout cela dans un bruit de moteur à vapeur et dans une nuée de poussière de paille. Rien n’est perdu ! La paille séchée sert de litière aux animaux l’hiver et les balles (coques de épis) sont données aux lapins. Ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale qu’apparaissent dans les exploitations petites et moyennes les moissonneuses-batteuses : faucheuses, lieuses et batteuses à la fois.

Le vendangeur
La commune a occupé beaucoup de son temps à travailler la vigne. C’est tout le village qui pouvait ainsi autrefois aider aux vendanges. Car quand il faut vendanger, tout le monde s’y met, le propriétaire, la maîtresse de maison, les grands-parents, les enfants. Si la vigne est plus étendue, on fait appel aux amis, aux voisins, aux cousins, auxquels on rend parfois la pareille le moment venu. Sur place, dans les vignes, le travail se répartit entre coupeurs, hotteurs et pressureurs.
Les coupeurs font tomber les grappes dans un panier à l’aide du sécateur. Ce travail est réservé aux plus âgés, aux femmes et aux enfants, car il ne demande guère de forces. Il est pourtant fatigant car mené accroupi, dos courbé, genoux pliés, rangée après rangée, d’un cep à l’autre…

Le portage des hottes reste un travail d’hommes. Le préposé déverse le contenu dans une charrette placée à l’extrémité du champ. La charrette va jusqu’au pressoir ensuite pour déverser le contenu.
Le foulage du raisin est remplacé par le pressoir en bois avec son pas de vis. Plusieurs hommes se relaient à la barre pour tourner le pressoir.
Le repas des vendanges est toujours bien arrosé. Puisqu’on a des vignes, on a du vin ! Le dîner offre à tous une soupe et un plat copieux. De préférence du porc, pot au feu, ragoût, civet de lapin, volailles et des tartes de toutes sortes. Jusqu’à 1930, il était suivi d’un petit bal…

vendanges à champcevinel

La vigne, un dur labeur
C’est vers 1880 que les vignes bien alignées sur fil de fer font place aux plantations anarchiques d’antan. Après les travaux de taille, le vigneron donne fin mars début avril, un premier labour (travail fait à la main ou avec un cheval et charrue selon le contexte). Ce travail est pénible s’il est fait à la houe. En trois semaines, le paysan pioche deux hectares de vigne, aère la terre et détruit les mauvaises herbes. Début mai, il renforce les piquets et tend les fils de fer. Un second labour est donné, plus léger que celui de mars et qui se termine en mai. Après la floraison de la vigne, on rebine la vigne par un troisième labour où l’on retire toutes les mauvaises herbes. (Notre photo : des anciens de Champcevinel de retour de vendanges aux Brousses dans les années 50).
Le bouilleur ambulant
Le distillateur ambulant commence sa saison vers septembre et la termine en mai. Il installe son alambic près d’un point d’eau, parfois au centre bourg ou à l’écart des villages. Le bouilleur de cru trouve le gîte, le couvert et le bois de chauffe dont il a besoin. Les paysans ou producteurs apportent leur marc par charretées ainsi que les fruits fermentés. La rémunération s’effectue au litre. L’eau de vie produite est destinée à l’usage domestique, à la consommation de la famille, voire aux soins du bétail. Une loi fixe les droits de distillation. En 1948, il existait à Champcevinel des ateliers de distallation à Boisset, aux Mazades, Borie-Petit, Puyfaucon, Réjaillac, La Grange, la Lac, Jarrijoux, Penlèbre et Coutures.

Le marchand de peaux de lapins
C’est un petit métier qui a vécu jusqu’en 1970. Dans le village, on entendait un cri : "peaux de lapins, peaux de lapins, peaux !" Le marchand passait à pied ou en vélo avec un sac ou un bâton pour accrocher les peaux qu’il achetait en 1960 pour 0,10 f ou 0,15 F.  On sortait dans la rue pour lui faire signe. Il rentrait, soupesait les peaux, discutait et payait le prix sur lequel on s’était mis d’accord. Ces peaux étaient revendues ensuite chez les tanneurs et fourreurs locaux.

Claude Rebière

Le cantonnier
Autrefois ils n’existaient pas, puisque les routes étaient entretenues par le système de la corvée. Chaque travailleur devant alors y consacrer quelques jours par an. Par la suite et après la Révolution, les communes embauchent des employés municipaux. Le cantonnier entretient les voies en fonction de la saison : l’hiver, il faut déneiger, au printemps réparer les dégâts du gel et nettoyer les fossés, l’été faucher les bords, l’automne ramasser les feuilles mortes. L’étendue de la commune et le nombre de chemins et de routes nécessitaient  cet emploi. Le cantonnier pouvait aussi dresser des procès-verbaux aux pêcheurs illégaux ou à certains contrevenants. Il était aussi chargé de nettoyer la place du village, le cimetière, les abords des points d’eau communaux, faire payer les taxes dues à la mairie par certains propriétaires. (Notre photo : Claude Rebière ancien cantonnier de la commune)
Le croque mort
Cette fonction était effectuée par un membre du conseil municipal ou par le cantonnier. Lorsqu’il y avait un enterrement, le cercueil était fabriqué par Monsieur Sudret, le menuisier de la commune. On allait alors chercher le corbillard qui stationnait sous un hangar sur la place du village. Les enfants s’y amusaient souvent, s’en était ainsi.... On attelait le cheval de chez Bargain, et le cercueil était convoyé vers la maison du défunt, souvent avec des enfants installés dessus à l’aller, car les amusements et les distractions pour eux ne faisaient pas légion dans la commune. Au retour, le corbillard se dirigeait vers l’église et la cérémonie funèbre était souvent clôturée par un repas chez la famille de la personne décédée.

la châtaigne

La châtaigne
On a longtemps appelé le châtaignier l’arbre à pain, parce qu’il pousse sur les terres arides et que son fruit tient au corps, c'est-à-dire qu’il a une valeur nutritive équivalente à celle des céréales. Avec la pomme de terre, il constitue longtemps la nourriture de base des paysans et Champcevinel n’a pas échappé à la règle. Si bien que l’on retrouve ce fruit sur le blason de la commune, car c’est lui qui a sauvé la population locale de la famine sous l’Ancien Régime.
Les_anciens_habitants_du_bourg_de_Champcevinel (cliquez sur ce PDF)

CHAMPCEVINEL - LA VIE DANS LA COMMUNE - © BERNARD PECCABIN

9 novembre 2014

LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL

- De cette personne, il reste des vestiges dans la commune comme le restaurant et la rue de la forge, par exemple. Et oui, Marcel Besse, pour ceux qui l’ont connu était un personnage atypique. On l’appelait "Le Maréchal", puisqu’en vérité, il avait été le maréchal-ferrant et le forgeron de la commune.

La Forge à Champcevinel
- Marcel et Eva Besse tenaient le restaurant "Au bon accueil". Jouxtant le restaurant, se trouvait la forge et le tramail pour ferrer chevaux, ânes, mulets, bœufs de trait et vaches.
- C’est en 1930, que Marcel Besse (Célou pour les intimes) aménagea dans la commune de Champcevinel, pour remplacer l’ancien forgeron qui fermait boutique. La commune comptait alors 600 habitants, de nombreux agriculteurs et métayers qui venaient faire réparer et aiguiser les socs de charrue, les brabants, les tranches et tout l’outillage pour travailler la terre.
- Aujourd’hui et à cet emplacement, on trouve le restaurant "La Forge", bien connu de tous les habitants de la commune et héritier de ce passé.
QUI EST LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL ?

Marcelou
- Lors de sa retraite vers 1971-1972 on avait l’habitude de croiser souvent le personnage à travers la campagne, tenant un bâton à la main. C’était avant tout un épicurien. En promenade, il s’arrêtait souvent, scrutant la nature, le ciel, se promenant un certain temps avec son épagneul breton, qui constituait son fidèle compagnon.

- Né en 1906 à Capelot (lieu-dit & passage à niveau) de la commune de Sainte-Marie de Chignac, il était le fils d’un chef d’équipe SNCF de la ligne la Cave-Marsac/Lisle-Ribérac et d’une mère garde barrière. Son enfance il la vivra au rythme des mutations de ses parents. Après Sainte-Marie de Chignac, il rejoindra la barrière des Reyssoux à La Chapelle-Gonaguet. C’est aussi là qu’il fera ses premiers pas à l’école, mais c’est là aussi qu’il verra pendant la première guerre passer les wagons chargés de mutilés dont certains membres passaient par la fenêtre. Une époque et une vie difficile avec un père parti au front et une mère désormais seule pour élever ses cinq enfants.
L’APPRENTISSAGE
- A la fin de la guerre, son père a le bonheur de rentrer et retrouve sa famille. Marcel a douze ans et c’est déjà l’époque où ses parents pressent le fiston pour aller travailler. Son père décide de le faire rentrer comme cheminot, mais l’enfant refuse, demande de quitter l’école pour devenir forgeron.

- Sitôt dit, le petit Besse se retrouve chez le forgeron de Mensignac pour débuter sa formation. Mais devant un patron dur, exigeant et sévère, il s’échappe de l’atelier et rentre chez lui, ne voulant surtout pas revoir son patron colérique et difficile à vivre. Pour son père, pas question de renoncer et c’est d’une façon pressante et à coups de pieds au derrière, qu’il se trouva à nouveau devant celui qui allait désormais le former pour la vie.
- A l’âge de seize ans, Marcel Besse est apte au métier de forgeron. L’apprentissage étant terminé, il rejoint Lisle et débute dans la corporation comme ouvrier. Six mois après, il reprend son bâton pour rejoindre avec son baluchon la ville d’Angoulême. Désirant se perfectionner et étant seul, il rejoint les Compagnons du Tour de France des Devoirs. Il travaille dans les forges de la campagne charentaise, mais aussi dans une d’elle située route de Bordeaux à Angoulême, où il se perfectionne dans la maréchalerie.

LE SERVICE MILITAIRE
- C’est là aussi qu’il reçoit son ordre d’appel pour partir faire son service militaire. Appelé au 2° Régiment de Chasseurs d’Afrique, il embarque à Port-Vendres et rejoint la ville de Mascara en Algérie où se trouve son unité. Il vivra de nombreux souvenirs en Algérie et plus particulièrement à l’infirmerie vétérinaire du régiment où il participait aux soins des 180 chevaux, mais aussi et surtout à ferrer les équidés à côté de la grande écurie régimentaire. Il gagnera toute l’estime de ses supérieurs de par son remarquable travail sur les bêtes. Il restera 24 mois en Afrique du Nord sans revenir au pays, participant à la pacification de la région avec les campagnes de Sidi Bel Abbès, Aïn Sefra et jusqu’à Colomb Béchar…

LA MERE DES COMPAGNONS
- De retour au pays, il se retrouve seul, son père et sa mère étant décédés pendant qu’il effectuait son service en AFN. Sans le sou, sans abri, sans parents, n’ayant que son bâton et son baluchon, il vit un terrible épisode de sa jeunesse. Il se décide alors de rejoindre les Compagnons et d’aller chez la Mère à Tours. Cette ville possédait à cette époque une solide équipe. La Mère* était en principe aubergiste et conseillait tous les compagnons qui portaient un surnom, en l’occurrence celui de leur région d’origine. C’est ainsi que Marcel Besse devint "Périgord" au sein des Compagnons.

(*) Bien sûr, les Mères sont toujours présentes dans le compagnonnage. Cette personne doit être l’épouse d’un Compagnon et avant de devenir Mère elle aura été "Dame-Hôtesse". Son rôle n’est plus celui qu’elle pouvait avoir il y a quelques dizaines années où cette personne était généralement aubergiste. Aujourd’hui, son rôle est surtout d’être à l’écoute des Jeunes, ce qui permet de régler bien des problèmes auxquels les Compagnons ne sont pas forcément sensibles.
EN TOURRAINE
- Dans cette Tourraine agricole, Marcel Besse vivra de bons moments, d’autant plus que la région était truffée de châteaux et de grandes propriétés où les chevaux de trait donnaient un travail conséquent aux forgerons tout comme au maréchal ferrant qu’il était devenu. Il rejoindra à pied le château de la Commanderie à Limeray (37) où il rencontrera des anciens officiers de l’armée. Puis muni de sa boucle d’oreille (signe du compagnon du devoir), il ira à Château du Loir (72), Villedieu le Château (41) et bien d’autres endroits pour gagner sa croute et vivre ainsi… Quand il en avait assez d’une forge où que son patron l’ennuyait, il allait ailleurs car le travail ne manquait nulle part. Il se plaisait à raconter qu’au patron il disait : "Patron, vous avez votre fond de commerce, mais moi j’en ai 500 qui m’attendent ailleurs ! Puisque mes services ne vous vont plus, payez mes journées effectuées chez vous, je pars bosser ailleurs…"
EN CHARENTE
- Ailleurs sera ensuite le retour en Charente avec les Compagnons. Il ira à Fouquebrune, Ronsenac, Montignac le Coq, le Pontaroux, Villebois la Valette puis à La Borie de Ribérac, terme de son périple au sein de cette corporation. Une corporation qui avait son importance, car à cette époque, être compagnon constituait une plus value pour avoir place et travail.

A SON COMPTE A CHAMPCEVINEL

Eva Besse

- En 1929 il épouse à Ribérac Eva (notre photo ci-contre) et s’installe à Champcevinel, juste après avoir travaillé chez Lasserre à Périgueux en qualité on s’en doute, de forgeron. Eva Besse son épouse était native de Saint-Pierre de Chignac et travaillait dans la couture. Elle possédait d’ailleurs un atelier de confection à Ribérac avec du personnel, lorsque Marcel la rencontra. Mais comme Eva était aussi fine cuisinière, elle exercera à la fois la couture et celui de restaurateur, pendant que Marcel son époux s’occupera à forger des outils et à ferrer les bêtes de la commune et de sa périphérie.
- De cette union naîtront cinq enfants qui ont tous fréquenté les bancs de l’école de la commune. C’est ainsi aussi que de fil en aiguille, notre forgeron maréchal est devenu le maréchal de Champcevinel. Un homme qui aimait la chasse et chercher des champignons(*), un homme qui aimait raconter son passé laborieux, ses 24 années au conseil municipal, soit une vie bien remplie et qui au cours de sa retraite aimait casser la croute au restaurant Commery, devenu la Forge ! (tout simplement parce qu’il y avait été forgeron)
(*) Il était un des plus illustres chercheurs de champignons. Il connaissait tous les coins et disait en rigolant qu’il n’était pas prêt à vendre son fond. C’est très tôt qu’il se trouvait dans les bois et si quelqu’un le suivait, il faisait demi-tour et rentrait à la maison, histoire de ne pas divulguer ses emplacements.
- Toujours est-il que dans cette commune il vivra de beaux souvenirs mais aussi les heures sombres de 39/45, où les nazis un jour débarquèrent au village, amenant tous les hommes contre le mur de l’église, les menaçant de les abattre. Des fouilles eurent lieu au bourg pour rechercher d’éventuels résistants, puis après de longues heures d’incertitudes et de menaces, les allemands partirent ailleurs sans faire de victimes…

le chabrol du maréchal

 Le chabrol du Maréchal, une tradition qui comptait beaucoup dans la vie de ce personnage

- Pour lui, la fin de sa vie active constituera un petit calvaire. Puis dans les années 1970, son âge lui fera quitter sa vigne qui lui assurait quatre barriques de vin, sa terre qu’il cultivait aux Sermonces plus par distraction que par nécessité. Il y passait de nombreuses heures là-bas dans sa cabane, une sorte d’abri de jardin où il s’y reposait pour être près de la nature et des bois de son ami Bébert Dupuy, qui résidait aux Bouboux, à quelques centaines de mètres de là.
- Voir l’exode des agriculteurs jusqu’à leur disparition, assister à l’arrivée des tracteurs, accélérait sa nostalgie sur ce passé pour lequel il était heureux d’avoir transmis son savoir faire à son fils Michel, qui assurait la ferronnerie et la maréchalerie dans son atelier au bord de la route de Paris, mais plus dans les mêmes conditions techniques… Assurément une page venait de se tourner… La fin de la forge sonnait avec la fin des petites propriétés agricoles et comme déjà dit l’arrivée des tracteurs. Son fils Michel, prendra le relais pour forger les socs des grosses charrues et les outils des entreprises de travaux publics, mais avec un matériel adapté où la soudure et le chalumeau devenaient des pièces maîtresses de cette activité.
NDLR : Renseignements recueillis sur un enregistrement de Radio Périgord* (octobre 1986), pour l’émission "Destination 24". (*) devenue radio France Bleu Périgord aujourd'hui...

CHAMPCEVINEL - LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL - © BERNARD PECCABIN
(lire le métier de maréchal-ferrant, prochainement sur ce blog)

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4 novembre 2014

MADELEINE BRETOU

 Madeleine Bretou : (Source : Champcevinel le chemin parcouru de Christiane Piboyeu)

- Pendant plus de 50 ans, elle a consacré son activité à s’occuper des enfants de la commune, en leur servant dès les années 1930, une soupe chaude en hiver, puis à compter de 1944, un repas complet tous les jours de classe.
- Madeleine Bretou, une vieille dame charmante, alerte et menue, à l’œil brun encore vif, avoue avec fierté bien légitime ses 86 ans* Elle nous parle de ses trois enfants, neuf petits-enfants et douze arrière petits enfants, dont l’aîné a déjà 22 ans*.
(*) (livre écrit en 1992).

Mme Bretou

- En 1928, avec son mari, elle prend la suite du café restaurant tenu autrefois par "Julou", au sujet duquel elle nous glisse une anecdote… Celui-ci organisait en son temps les bals du dimanche et à l’occasion d’une grande messe, des petits objets religieux avaient été distribués aux fidèles. Exceptionnellement Julou assistait à l’office. Au cours du sermon, Monsieur le curé se met à exhorter les jeunes de s’abstenir d’aller danser durant les périodes de certaines fêtes religieuses. Il ajoute même que le bal n’est pas une saine distraction. Toujours est-il que lorsque notre Julou entend ces paroles proférées sur un ton comminatoire, il jette rageusement la statuette qui se brise à la consternation de l’assistance atterrée par tant d’audace…
- Mme Bretou ne se souvient pas de la suite qui fut donnée à l’incident, mais on en parla toute la semaine qui suivit… Au cours de la conversation, elle cite avec beaucoup de respect le nom des quatre maires dont elle a connu les mandats : M. le baron de Chasteigner, Monsieur Tanneux, Monsieur Simonet et Monsieur Bernardin.
- "Tous très bien, dit-elle, très droits…"
- Toutefois elle avoue avoir eu quelques mots avec l’un d’eux qui, selon elle, ne mettait pas assez d’empressement à la réalisation de la cantine scolaire qui était toujours à l’état de projet.
- Elle l’eut enfin sa cantine, en 1944. Pour faciliter la chose, elle mit sa grande salle à la disposition de la municipalité et fut bientôt en mesure d’offrir aux écoliers, de vrais repas pendant la période scolaire.
- Bientôt, à l’exploitation du restaurant, se cumula celle du débit de tabac, et plus tard, elle géra la cabine téléphonique. Notre ancienne amie prétend n’avoir servi que des enfants sages qu’elle récompensait en leur distribuant des bonbons qui étaient à la vente avec le tabac et elle admet volontiers qu’en procédant ainsi, sa marge bénéficiaire sur la confiserie était plus que réduite.
- En fait, elle a donné beaucoup d’elle-même et de son temps à deux générations de Champcevinellois qui lui ont gardé de la gratitude.
- Madame Bretou reconnaît qu’elle ne s’est jamais enrichie mais qu’elle a tenté de dispenser un peu plus de bien être à tous ces gosses… et si on en juge par l’affection respectueuse que lui témoigne une grande partie des habitants du village, elle a pleinement réussi… Depuis, l’école de la commune porte son nom et cela est amplement mérité.

CHAMPCEVINEL - MADELEINE BRETOU - © BERNARD PECCABIN

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