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9 novembre 2014

LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL

- De cette personne, il reste des vestiges dans la commune comme le restaurant et la rue de la forge, par exemple. Et oui, Marcel Besse, pour ceux qui l’ont connu était un personnage atypique. On l’appelait "Le Maréchal", puisqu’en vérité, il avait été le maréchal-ferrant et le forgeron de la commune.

La Forge à Champcevinel
- Marcel et Eva Besse tenaient le restaurant "Au bon accueil". Jouxtant le restaurant, se trouvait la forge et le tramail pour ferrer chevaux, ânes, mulets, bœufs de trait et vaches.
- C’est en 1930, que Marcel Besse (Célou pour les intimes) aménagea dans la commune de Champcevinel, pour remplacer l’ancien forgeron qui fermait boutique. La commune comptait alors 600 habitants, de nombreux agriculteurs et métayers qui venaient faire réparer et aiguiser les socs de charrue, les brabants, les tranches et tout l’outillage pour travailler la terre.
- Aujourd’hui et à cet emplacement, on trouve le restaurant "La Forge", bien connu de tous les habitants de la commune et héritier de ce passé.
QUI EST LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL ?

Marcelou
- Lors de sa retraite vers 1971-1972 on avait l’habitude de croiser souvent le personnage à travers la campagne, tenant un bâton à la main. C’était avant tout un épicurien. En promenade, il s’arrêtait souvent, scrutant la nature, le ciel, se promenant un certain temps avec son épagneul breton, qui constituait son fidèle compagnon.

- Né en 1906 à Capelot (lieu-dit & passage à niveau) de la commune de Sainte-Marie de Chignac, il était le fils d’un chef d’équipe SNCF de la ligne la Cave-Marsac/Lisle-Ribérac et d’une mère garde barrière. Son enfance il la vivra au rythme des mutations de ses parents. Après Sainte-Marie de Chignac, il rejoindra la barrière des Reyssoux à La Chapelle-Gonaguet. C’est aussi là qu’il fera ses premiers pas à l’école, mais c’est là aussi qu’il verra pendant la première guerre passer les wagons chargés de mutilés dont certains membres passaient par la fenêtre. Une époque et une vie difficile avec un père parti au front et une mère désormais seule pour élever ses cinq enfants.
L’APPRENTISSAGE
- A la fin de la guerre, son père a le bonheur de rentrer et retrouve sa famille. Marcel a douze ans et c’est déjà l’époque où ses parents pressent le fiston pour aller travailler. Son père décide de le faire rentrer comme cheminot, mais l’enfant refuse, demande de quitter l’école pour devenir forgeron.

- Sitôt dit, le petit Besse se retrouve chez le forgeron de Mensignac pour débuter sa formation. Mais devant un patron dur, exigeant et sévère, il s’échappe de l’atelier et rentre chez lui, ne voulant surtout pas revoir son patron colérique et difficile à vivre. Pour son père, pas question de renoncer et c’est d’une façon pressante et à coups de pieds au derrière, qu’il se trouva à nouveau devant celui qui allait désormais le former pour la vie.
- A l’âge de seize ans, Marcel Besse est apte au métier de forgeron. L’apprentissage étant terminé, il rejoint Lisle et débute dans la corporation comme ouvrier. Six mois après, il reprend son bâton pour rejoindre avec son baluchon la ville d’Angoulême. Désirant se perfectionner et étant seul, il rejoint les Compagnons du Tour de France des Devoirs. Il travaille dans les forges de la campagne charentaise, mais aussi dans une d’elle située route de Bordeaux à Angoulême, où il se perfectionne dans la maréchalerie.

LE SERVICE MILITAIRE
- C’est là aussi qu’il reçoit son ordre d’appel pour partir faire son service militaire. Appelé au 2° Régiment de Chasseurs d’Afrique, il embarque à Port-Vendres et rejoint la ville de Mascara en Algérie où se trouve son unité. Il vivra de nombreux souvenirs en Algérie et plus particulièrement à l’infirmerie vétérinaire du régiment où il participait aux soins des 180 chevaux, mais aussi et surtout à ferrer les équidés à côté de la grande écurie régimentaire. Il gagnera toute l’estime de ses supérieurs de par son remarquable travail sur les bêtes. Il restera 24 mois en Afrique du Nord sans revenir au pays, participant à la pacification de la région avec les campagnes de Sidi Bel Abbès, Aïn Sefra et jusqu’à Colomb Béchar…

LA MERE DES COMPAGNONS
- De retour au pays, il se retrouve seul, son père et sa mère étant décédés pendant qu’il effectuait son service en AFN. Sans le sou, sans abri, sans parents, n’ayant que son bâton et son baluchon, il vit un terrible épisode de sa jeunesse. Il se décide alors de rejoindre les Compagnons et d’aller chez la Mère à Tours. Cette ville possédait à cette époque une solide équipe. La Mère* était en principe aubergiste et conseillait tous les compagnons qui portaient un surnom, en l’occurrence celui de leur région d’origine. C’est ainsi que Marcel Besse devint "Périgord" au sein des Compagnons.

(*) Bien sûr, les Mères sont toujours présentes dans le compagnonnage. Cette personne doit être l’épouse d’un Compagnon et avant de devenir Mère elle aura été "Dame-Hôtesse". Son rôle n’est plus celui qu’elle pouvait avoir il y a quelques dizaines années où cette personne était généralement aubergiste. Aujourd’hui, son rôle est surtout d’être à l’écoute des Jeunes, ce qui permet de régler bien des problèmes auxquels les Compagnons ne sont pas forcément sensibles.
EN TOURRAINE
- Dans cette Tourraine agricole, Marcel Besse vivra de bons moments, d’autant plus que la région était truffée de châteaux et de grandes propriétés où les chevaux de trait donnaient un travail conséquent aux forgerons tout comme au maréchal ferrant qu’il était devenu. Il rejoindra à pied le château de la Commanderie à Limeray (37) où il rencontrera des anciens officiers de l’armée. Puis muni de sa boucle d’oreille (signe du compagnon du devoir), il ira à Château du Loir (72), Villedieu le Château (41) et bien d’autres endroits pour gagner sa croute et vivre ainsi… Quand il en avait assez d’une forge où que son patron l’ennuyait, il allait ailleurs car le travail ne manquait nulle part. Il se plaisait à raconter qu’au patron il disait : "Patron, vous avez votre fond de commerce, mais moi j’en ai 500 qui m’attendent ailleurs ! Puisque mes services ne vous vont plus, payez mes journées effectuées chez vous, je pars bosser ailleurs…"
EN CHARENTE
- Ailleurs sera ensuite le retour en Charente avec les Compagnons. Il ira à Fouquebrune, Ronsenac, Montignac le Coq, le Pontaroux, Villebois la Valette puis à La Borie de Ribérac, terme de son périple au sein de cette corporation. Une corporation qui avait son importance, car à cette époque, être compagnon constituait une plus value pour avoir place et travail.

A SON COMPTE A CHAMPCEVINEL

Eva Besse

- En 1929 il épouse à Ribérac Eva (notre photo ci-contre) et s’installe à Champcevinel, juste après avoir travaillé chez Lasserre à Périgueux en qualité on s’en doute, de forgeron. Eva Besse son épouse était native de Saint-Pierre de Chignac et travaillait dans la couture. Elle possédait d’ailleurs un atelier de confection à Ribérac avec du personnel, lorsque Marcel la rencontra. Mais comme Eva était aussi fine cuisinière, elle exercera à la fois la couture et celui de restaurateur, pendant que Marcel son époux s’occupera à forger des outils et à ferrer les bêtes de la commune et de sa périphérie.
- De cette union naîtront cinq enfants qui ont tous fréquenté les bancs de l’école de la commune. C’est ainsi aussi que de fil en aiguille, notre forgeron maréchal est devenu le maréchal de Champcevinel. Un homme qui aimait la chasse et chercher des champignons(*), un homme qui aimait raconter son passé laborieux, ses 24 années au conseil municipal, soit une vie bien remplie et qui au cours de sa retraite aimait casser la croute au restaurant Commery, devenu la Forge ! (tout simplement parce qu’il y avait été forgeron)
(*) Il était un des plus illustres chercheurs de champignons. Il connaissait tous les coins et disait en rigolant qu’il n’était pas prêt à vendre son fond. C’est très tôt qu’il se trouvait dans les bois et si quelqu’un le suivait, il faisait demi-tour et rentrait à la maison, histoire de ne pas divulguer ses emplacements.
- Toujours est-il que dans cette commune il vivra de beaux souvenirs mais aussi les heures sombres de 39/45, où les nazis un jour débarquèrent au village, amenant tous les hommes contre le mur de l’église, les menaçant de les abattre. Des fouilles eurent lieu au bourg pour rechercher d’éventuels résistants, puis après de longues heures d’incertitudes et de menaces, les allemands partirent ailleurs sans faire de victimes…

le chabrol du maréchal

 Le chabrol du Maréchal, une tradition qui comptait beaucoup dans la vie de ce personnage

- Pour lui, la fin de sa vie active constituera un petit calvaire. Puis dans les années 1970, son âge lui fera quitter sa vigne qui lui assurait quatre barriques de vin, sa terre qu’il cultivait aux Sermonces plus par distraction que par nécessité. Il y passait de nombreuses heures là-bas dans sa cabane, une sorte d’abri de jardin où il s’y reposait pour être près de la nature et des bois de son ami Bébert Dupuy, qui résidait aux Bouboux, à quelques centaines de mètres de là.
- Voir l’exode des agriculteurs jusqu’à leur disparition, assister à l’arrivée des tracteurs, accélérait sa nostalgie sur ce passé pour lequel il était heureux d’avoir transmis son savoir faire à son fils Michel, qui assurait la ferronnerie et la maréchalerie dans son atelier au bord de la route de Paris, mais plus dans les mêmes conditions techniques… Assurément une page venait de se tourner… La fin de la forge sonnait avec la fin des petites propriétés agricoles et comme déjà dit l’arrivée des tracteurs. Son fils Michel, prendra le relais pour forger les socs des grosses charrues et les outils des entreprises de travaux publics, mais avec un matériel adapté où la soudure et le chalumeau devenaient des pièces maîtresses de cette activité.
NDLR : Renseignements recueillis sur un enregistrement de Radio Périgord* (octobre 1986), pour l’émission "Destination 24". (*) devenue radio France Bleu Périgord aujourd'hui...

CHAMPCEVINEL - LE MARECHAL DE CHAMPCEVINEL - © BERNARD PECCABIN
(lire le métier de maréchal-ferrant, prochainement sur ce blog)

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Commentaires
T
Très émouvant ce passé du Maréchal. Je pensais honnêtement qu'il n'avait jamais quitté son Périgord natal. De là à imaginer qu'il est allé en AFN, je suis bluffé. Malgré tout, j'avais encore son visage en mémoire. C'est vrai que la mécanique a soulagé les gens de la terre, mais n'a pas fait que des gens heureux.
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